Histoire de l'impression manuelle au tampon ou bloc de bois
Les origines
Il est difficile de dater le début de
l ‘utilisation de la technique de l’impression au tampon. Selon de
récentes découvertes, celle-ci pourrait remonter à 5000 ans. Dans des tombes de
Haute Egypte, des morceaux d’étoffes imprimées ont été mises à jour, d’autres
dans les ruines de Mohenjo Daro, une ancienne cité de la Vallée de l’Indus.
Datées de 2100 avant J.C., les peintures murales trouvées à Beni Hassan
représentent des afro-asiatiques vêtus de costumes aux motifs rayés ou à
zigzags.
Ont-ils été imprimés au moyen de pierre ou de bois
gravé ?
Cependant, la découverte à Akhrnim en Egypte de
blocs gravés de figures et celle de motifs sur des textiles, ainsi qu’un
fragment de coton imprimé retrouvé à Arles, attestent avec certitude de
l’utilisation de la méthode d’impression au tampon de bois en 542 avant J.C.
Le développement en Europe
Du XIe au XIVe siècle, les Allemands imprimaient des
textiles au tampon de bois, essayant d’imiter, très pauvrement, le raffinement
des motifs tissés des Byzantins ou des soieries Italiennes. Avec la prospérité,
cette technique d’impression au tampon de bois fût négligée au profit de
procédés plus riches : tissage ou broderie.
Grâce à l’apport et l’inspiration de l’Inde,
Augsbourg se rendit célèbre, au XVIIe siècle, pour ses fabriques d’imprimés sur
lin. C’est à travers l’exportation que l’impression de motifs colorés se
répandit de nouveau : en France à partir de l’Alsace, en Suisse et en
Angleterre. Les ateliers fleurirent en Europe jusqu’au XVIIIe siècle.
Le développement en Inde
Cet art de l’impression a fleuri en Inde au XIIème
siècle, sous le patronage des Rajas.
Et c’est au XVIe siècle que « les
Indiennes » (coton imprimé au bloc) furent exportées du Pujab et de Bombay
en Europe par les marchands Hollandais !
Le XVIIe connu une période de
revitalisation du procédé, mais c’est véritablement au XVIIIe siècle que l’Inde
nous laisse les plus belles preuves de sa maîtrise de la technique de
l’impression au tampon de bois et des témoignages de sa sophistication : à
travers les dais, tentures murales, couvre-lits, manteaux et autres pièces de
vêtement.
La variété des supports textiles, des motifs et des
palettes de couleurs furent propres aux
différentes régions, et le développement des ateliers principalement liés à
l’eau, nécessaire à l’étuvage et au lavage final.
Concurrencé au XIXe siècle par les manufactures
Européennes, cet art, resté vivant sur le marché local, a décru, au profit
d’autres méthodes, comme la machine à imprimer à la planche ou la sérigraphie.
Aujourd’hui le principal centre d’impression au
tampon de bois est au Rajasthan, à Sanganer – Jaipur où certains ateliers sont
très actifs sur le marché local comme à l’exportation.
Sanganer a été reconnu récemment (fin 2009) en tant
que Source Géographique depuis 500 ans de l’artisanat de l’impression manuelle
au bloc de bois. C’est un genre d’AOC mondial qui protège le procédé (voir
détail et certifications).
|
|
Technique de l'impression au bloc ou tampon de bois
La beauté des pièces textiles imprimées - finesse du
dessin, régularité du « tampon », harmonie et richesse chromatique,
fiabilité des teintes au lavage et bien sûr créativité - requièrent les
compétences d’artisans aux spécialités très différentes, que peu d’ateliers
rassemblent.
Fabrication du tampon de bois :
Le motif est d’abord créé sur papier, et la
répartition des couleurs décidée. Pour les dessins polychromes, 4 à 20 tampons
pourront être nécessaire selon la complexité du dessin et la richesse de la
gamme colorée. La gravure d’un seul tampon peut occuper cinq sculpteurs pendant
trois jours.
Sur la pièce de teck parfaitement aplanie et poncée,
le dessin est reporté. Les parties destinées au relief sont teintes afin de les
distinguer facilement des espaces à évider. La sculpture se fait
progressivement, les masses générales sont d’abord dégrossies jusqu’aux détails
les plus fins. La sculpture des blocs de contours d‘un dessin est
particulièrement délicate.
Il y aura autant de blocs de bois gravés que de
couleurs.
De nombreuses formes et tailles peuvent être imbriquées,
aussi chaque bloc est gravé de repères qui permettront la bonne continuité du
dessin à l’impression.
Le tampon de bois ainsi obtenu est trempé dans
l’huile pendant deux semaines afin de nourrir suffisamment le bois pour
qu’aucune craquelure ne l’altère et permettre une meilleure adhérence de la
teinture. Sur la partie arrière du bloc, une poignée de bois est rajoutée
permettant à l’artisan imprimeur de la tenir.
Procédé d’impression :
C’est le « maître des couleurs » qui
prépare les palettes. Sur de petites tables roulantes, sont posées chaque
palette composée d’une caisse en bois, emplie d’un « mille feuilles »
de jute, sur lequel la pâte coloré est versée en quantité étudiée. Les couleurs
sont fabriquées les unes après les autres au fur et à mesure de l’avancement du
travail d’impression, à partir de pigments, souvent chimiques de nos jours,
parfois naturels comme l’indigo.
Les artisans imprimeurs travaillent sur de longues
tables, qu’ils habillent d’un « matelas » d’une vingtaine de couches
de jute, de laine ou de coton bien tendues. Cette surface obtenue, ni trop
souple, ni trop rigide, procure une base idéale à l’application des tampons
d’impression. Le tissu à imprimer (principalement du coton, mais aussi lin ou
soie), est ajusté sur ce matelas et maintenu par des épingles.
L’artisan imprime son tampon de bois sur la palette
colorée et l’applique sur le tissu vierge, puis de l’autre main, le
« frappe ». Puis il se sert des repères pour imprimer en suivant ou
avec un autre tampon afin de compléter le motif. Une seule couleur est
généralement imprimée sur la totalité de la pièce de tissu, souvent avec
plusieurs tampons aux dessins différents. Après séchage du tissu, il est
retendu sur la table et imprimé avec une autre couleur, généralement par un
autre imprimeur. Le procédé, réalisé en équipe, est répété jusqu’à obtenir le
textile final.
La pièce entièrement imprimée et séchée est
finalement traitée pour fixer les couleurs : enroulé entre des linges ou
du papier, le tissu est étuvé à la vapeur, puis lavé de nouveau, séché au
soleil et repassé.
|
|
Toutes les étapes de l’impression au tampon de bois
et du traitement final contribuent à fixer les pigments, garantissent la
richesse et la bonne tenue des couleurs.
Pendant la mousson, compte tenu des pluies violentes
et de la forte humidité ambiante, le séchage devient beaucoup plus long et la
production est généralement ralentie.
Plus la pièce de tissu est complexe en motifs,
couleurs ou les deux, plus elle nécessite de blocs et de manipulations, plus
elle sera chère ! |
|